L’envahissement de l’être (danser avec Duras)

Tête-à-tête intime 

Thomas Lebrun ne lit pas Marguerite Duras : il l’écoute dans des archives radiophoniques, comme une musique inspirante, engagée, intelligente et sensible. La parole de l’écrivaine, son timbre et son phrasé, ses mots, font naître chez le danseur et chorégraphe des émotions semblables à celles qu’il ressent quand il est sur un plateau. C’est ainsi que le désir de « danser seul avec Duras » est né. 

La présence de Marguerite Duras soudain transparue dans le corps du danseur tient du miracle poétique. Thomas Lebrun prouve avec force que l’incarnation artistique se construit comme un mystère. Dans un subtil et délicieux palimpseste, les deux artistes, ses gestes à lui, ses mots à elle se superposent et s’entremêlent. Cette danse précise, habitée et burlesque fait revivre l’écrivaine dans un double portrait élégant et terriblement émouvant. 

Comme le suggère le titre, danser avec Duras, avec ses mots mais aussi sa voix enregistrée, c’est expérimenter l’envahissement de l’être. Une sensation qu’il exprimera avec sa sensibilité à fleur de peau.
Rosita Boisseau / Télérama 

Grand Prix du meilleur spectacle chorégraphique de l’année 2023 (Prix du Syndicat Professionnel de la Critique, Théâtre, Musique et Danse).